12/23/2011

Alban Gervais, paygraphisme: designer (version française)

Aujourd'hui déambulons dans l'univers d'un graphiste/ directeur artistique/ indépendant et occasionnellement professeur, Alban Gervais. Il agit principalement dans le domaine de l'édition, mais sa vision va au delà, la conception de son travail est très interactive. Il prépare actuellement un site internet pour un de ses projets personnels (voir la dernière question). Il fait partie de ces graphistes qui fournissent un travail de grande précision sur une réflexion bien développée. Il se remet perpétuellement en question afin de fournir le meilleur de son travail à chaque occasion. L'un de ses premiers travaux professionnel était pour l’APCI (1er visuel sur l'article), ici il a créé "l’eiffelfabet" une typo faite volontairement avec des éléments de la Tour Eiffel pour reconnaitre Paris. Aujourd'hui, il nous explique son travail et ses objectifs. Merci pour ses réponses et visuels.
. Quels étaient vos premiers projets ? Comment votre travail a-t'il évolué depuis ?
Mon premier projet s’est mis en place pendant mon cursus scolaire, notamment lorsque l’on vous laisse aborder obligatoirement une thématique. Face à cette absence de réponses à apporter immédiatement, et considéré de fait comme un auteur-chercheur, j’ai souhaité me confronter aux paysages dans lesquels j’ai grandi (campagne havraise), puis j’ai poursuivis paygraphisme, face à d’autres espaces, traversés, Strasbourg 2003-2005 (www.trameways.net). Je continue sans savoir où vais-je exactement : vers des présentations-installations, performances ou non, animer mes images et/ou constituer des petites publications…

. Avez-vous une influence particulière ?
Mes influences se créent aux grès de rencontres pas si fortuites que cela.
C’est-à-dire qu’il y a des sites recensant ce que je semble aimer.
C’est à la fois terrible de formater ainsi mes yeux, mais il y a parfois des images dîtes actives*, qui m’incite à les retenir pour y revenir. 
C’est une forme de veille iconographique, un réservoir où j’y puise, en fonction des étiquettes que je leur donne, des images d’installations d’art contemporain, de détails typographiques ou des dessins d’architectures. 
J’ai suivi avec une très grande motivation les cours d’histoire de l’art, d’histoire du cinéma et ceux de Pierre Ponant (graphisme).
. Quelle importance accordez-vous à la typo dans un projet ?
J’essaie de jauger l’importance que la typographie aura dans le projet : parce qu’il y a aussi le format, le volume, le choix du papier puis la part accordée aux images et là, la confrontation texte/image inévitablement devra être développée, justifiée puis appréciée… C’est un ingrédient qui doit trouver sa place au sein du projet global. Parfois je veux en faire la pièce maîtresse et je la dessine (typographies de titrage), parfois elle peut ne pas être la priorité mais une des priorités. Pour en retenir une (surtout pour les typographies de labeur), mon regard se focalise sur des détails qui créent une distinction même infimeavec les typographies d’une réelle banalité - Helvetica, Times. (Cf. http://www.bobwilson.co.uk/). J’en acquiert sur www.ourtype.be

.Quelles sont selon vous, les bases d'un graphisme efficace ?
Le graphisme doit susciter l’émotion et provoquer la réflexion.
Je tâche de me lancer le plus souvent possible un défi : le pari d'obtenir des émotions sans avoir besoin de recourir à une forte densité d'éléments décoratifs et symboliques. Ainsi, mesurer la densité des éléments, c’est rechercher un juste équilibre où le hasard peut également avoir son rôle à jouer. Mais le risque du minimalisme est qu’il donne naissance à des formes parfois polissées.
Le biscornu peut aussi servir selon le contexte, et l’hybride, c’est-à-dire le recyclage de formes, s’oppose à cette aseptisation et, potentiellement, agrandie une famille de formes, de propositions, de solutions. L’énigme graphique, elle, nourrit l’imaginaire et titille mes pupilles. Le contre-pied d’un sujet permet de balayer l’ensemble du problème et peut finir par clarifier sa résolution. Beauté du paradoxe.
En somme, transmettre un message clair qui laisse cependant l’ouverture du rebond et de la vacance * est une démarche que je me fixe. Atteindre l’ambiguïté, c’est-à-dire, chasser l’évidence, développer son expérience et révéler la clarté du message demeure la base de mon approche graphique.
Grâce aux moyens donnés (contexte, économie : développement) et l’organisation des formes créées (baroques, simples : composition), je dois aiguiller la rétine du passant.
* François Barré à propos de Roman Cieslewicz

. Quel est votre secret ?
J’aime dialoguer, parler, aborder. Parcourir, fuir puis revenir. Chuchoter, évoquer et déborder. Insinuer, enfermer des formes et m’exprimer. Penser, cacher un sens et exposer. J’aime les arcanes, une estrade, le black-out. Je dois me trahir.
. Des projets pour l'avenir, une exposition peut-être ?
Une exposition / installation / performance vient d’avoir lieue. J’ai eu l’opportunité de montrer des images paygraphiques, le samedi 3 décembre aux Lilas. Dans le cadre du Manuel du Voyageur impénitent, organisé par l’espace Khiasma, j’ai occupé pendant une journée leur espace de stockage,  où les cartons ont été ré-agencés. Situé à l’arrière-cour de l’immeuble dans lequel j’ai vécu 4 ans, c’est ce point précis — un secret dévoilé — qui fait lien avec l’événement : Mon Voisin est un artiste - Paysages trouvés *. Beaucoup de mes secrets ont ainsi été extériorisés et j’ai vraiment apprécié la chose… Je continue de développer avec l’aide d’un ami (A. Manaranche), le site internet www.paygraphisme.net et un travail collaboratif d’animation du paysage.

http://www.evous.fr/Alban-Gervais,1179687.html