Pourquoi ne pas mettre designer au féminin ? Elles le méritent bien… Dans tout les cas, voici une designeuce qui ne connait pas de limite.
Matali Crasset, souvent graphiée matali crasset est aussi appelée Nathalie Crasset. Vous connaissez certainement bien sont parcours et sa renommée, en effet, il y a déjà de nombreux sites qui parlent d'elle. Aujourd'hui, c'est elle qui nous parle tout particulièrement de la signalétique réalisée en Juin dernier pour l'Abbaye de Fontevraud (un article à déjà été publié ici). Cette signalétique recherche paradoxalement à dérouter et à perdre le visiteur. Alors, laissez-vous guider par ses explications.
Je la remercie, de nouveau, du temps qu'elle a su trouver pour me répondre, même si je soupçonne son "care of" d'avoir répondu en partie ; ) Ce qui est plutôt logique vu son emploi du temps de designer.
. Quels étaient vos premiers projets ?
Ce que je considère comme mon premier projet, c'est mon projet de diplôme, la Trilogie Domestique. J'ai ensuite travaillé avec Philippe Starck sur des projets électroniques pour le projet Thomson multimédia pendant cinq ans.
. Pourquoi avez vous choisi de travailler sur le projet de l'abbaye de Fontevraud ? Que retenez-vous de cette collaboration ? Dans quel but avez vous créé cette signalétique ? Pour vous, quels sont les enjeux de l'abbaye ?
C'est un projet public, pour lequel il y a eu bien évidemment une consultation. Je répond assez rarement à des concours mais c'est la seule manière pour intervenir dans des espaces publics.
Le rapport entre patrimoine et création contemporaine m'intéresse aussi. L'an dernier j'avais réalisé pour la cathédrale Saint Bénigne de Dijon un ensemble de lustres et j'ai trouvé cette tension très intéressante, ce rapport entre le patrimoine et porter un autre regard.
C'est la première fois que j'interviens pour une signalétique.
Le projet se développe autour de l'idée de lignes, de faisceaux qui se séparent et se rejoignent, des lignes comme autant de prolongements, d'informations, de directions, à la disposition des visiteurs.
Ces éléments proposent de mettre en scène la promenade et la visite, laissant le visiteur suivre certaines directions plus que d'autres, ou choisir de prendre le temps de lire ou de chercher une information spécifique. Cette ligne, dans l'idée de ne pas faire de la signalétique un dispositif envahissant et indispensable, apparaît ou pas selon les lieux, comme un pointillé, elle se déplace dans le site, se pose sur des bâtiments, souligne les contours des passages entre les quartiers. Elle se décolle des murs pour créer un pli dans lequel on dispose les informations appropriées : directions, enseignes, identité des quartiers, informations sur les animations... Le choix des matériaux, essentiellement de l'aluminium brut, coloré selon les quartiers, permet aux éléments de la signalétique de ne pas être en contraste avec l'architecture et fait que l'intervention, à la façon d'un surlig- nage, donne de la visibilité et de la lisibilité aux directions et informations principales.
D'autre info sur le blog.matalicrasset.com
D'autre info sur le blog.matalicrasset.com
. Quels sont vos projets d'avenir ?
Je viens d'achever avec mes partenaires privilégiés que sont Patrick Elouarghi et Philippe Chapelet, l'hôtel HI matic à Paris après la Dar Hi à Nefta dans le sud du désert tunisien. Je travaille sur des projets d'échelle et de nature très variés. C'est une chance que je me donne: de réfléchir à une collection de joaillerie pour Le Buisson par exemple ou travailler pour des éditeurs de mobilier comme Campeggi ou Danese, ou des structures plus artisanales avec une savoir faire exceptionnel comme Domeau & Pérès. Je suis entrain d'achever une villa sur la Côte d'Azur, un hotel est en cours également. Le projet du Vent des forêts se poursuit, la deuxième maison sylvestre sera en place en 2012. Les éditions Rizzoli publieront au printemps une monographie sur mon travail. Il ya aussi des projets d'exposition, la scénographie pour le salon d'art contemporain de Montrouge…
Le secret est il est autour des rencontres je crois. Les projets d'avenir ils sont chez mes commanditaires, dans leurs rêves. Je n'aurai jamais imaginé dessiné un pigeonniet collectif pour pérenniser la colombophilie, des maisons sylvestres comme le projet du Vent des Forêts ou collaborer avec l'artiste Peter Halley autour d'un projet d'exposition.
Je suis ouverte aux expériences mais reste très attaché à la notion du projet autour d'un concept qui permet la base d'un dialogue avec le commanditaire.